L’adoption de la loi Karama : l’AFCF en appelle au président de la République

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Le Calame - A l’occasion de la journée de lutte contre les violences contre le genre, les femmes leaders ont organisé une marche pour réclamer l’adoption de la loi Karama, objet de beaucoup de controverses chaque fois qu’elle atterrit à l’Assemblée Nationale.

L’association de femmes cheffes de familles (AFCF), fer lance du combat des femmes a pris une part active dans cette manifestation. Une occasion pour sa présidente d’en appeler au président de la République, Mohamed Cheikh Ghazwani à aller jusqu’au terme du processus enclenché en faisant adopter cette loi, censée donner la dignité totale aux femmes mauritaniennes.

Pour Aminetou Mint Moctar, « le président dispose d’une majorité confortable au parlement, il peut donc la faire adopter sans problème, les détracteurs du texte ne peuvent pas le bloquer, nous attendons de sa part, la matérialisation de la volonté politique qu’il a fait montre en faisant revenir le texte devant le Parlement. Les femmes ont besoin d’une loi spécifique qui leur permettra d’accéder à une justice équitable, donc de faire valoir leurs droits devant les tribunaux sans craindre des représailles et de se retrouver face à leurs bourreaux libres et qui constituent une menace pour leur sécurité. »

Pour la présidente de l’AFCF, les lois qui ont été adoptées depuis quelques années pour l’épanouissement des femmes ne règlent pas certaines questions comme le viol, les mariages précoces… elles n’ont pas éradiqué l’impunité dont continuent à jouir les auteurs de viols et des pédophiles.

« Je ne comprends pas pourquoi les lois sur la santé reproductive, le cadre juridique pour la protection de l’enfant qui reprend beaucoup d’aspect de la première, par exemple, n’ont pas connu d’obstruction, et c’est seulement cette loi Karama qui se heurte à l’opposition de certains. La raison est simple, ce texte va conférer la dignité aux femmes, les mettre aux abris de leurs bourreaux et permettre enfin aux magistrats de disposer d’une référencé », selon elle.

Pour relever le challenge, Aminetou invite les associations à se battre en se mobilisant, en battant le pavé comme elles l'ont fait, le 27 novembre dernier.Face à cette situation, Mint Moctar interpelle enfin les députés en leur demandant de voter ce texte qui va protéger leurs filles, leurs sœurs, leurs épouses, leurs tantes…

« Nous osons compter sur les représentants du peuple que vous êtes et parmi ce peuple, il y a une majorité de femmes qui vous ont accordé leurs voix », martèle-t-elle.

Mauritanie : le Pacte républicain, l’ultime manœuvre politique avant la présidentielle de 2024

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Afrimag - La vingtaine de formations politiques reconnues en Mauritanie ont été conviées, le 26 novembre, à venir «se concerter» sur le Pacte Républicain signé, en septembre, entre le parti au pouvoir, El Insaf, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et l’Union des forces de progrès (UFP), deux partis d’opposition en déclin.

Le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, maître de cérémonie de ce nouvel accord que conteste, fortement, l’opposition radicale, veut, apparemment, élargir la liste des signataires de cette charte et l’inscrire dans le cadre de «l’apaisement» politique avant l’organisation de la présidentielle de 2024.

A chaque échéance électorale son «accord» ! Un de plus, donc, alors qu’on sort à peine de celui qui a permis l’organisation des élections municipales, législatives et régionales de juin 2023.

Ceux qui désespèrent de voir l’opposition s’accrocher à tout compromis voient en ce pacte une stratégie politique tout bénéficie pour le pouvoir et sa majorité qui vient d’appeler le président Ghazouani à se représenter pour un second quinquennat.

L’objectif étant de montrer que, depuis août 2019, la scène politique nationale vit au rythme de l’apaisement initié par Ghazouani qui en a fait le fondement de sa gouvernance du pays au sortir d’une longue crise politique (2009-2019) sous Aziz aujourd’hui voué aux gémonies et trainé devant la justice. Les opposants comme Ahmed Ould Daddah, trois fois candidat malheureux à la présidentielle, Messaoud Ould Boulkheir, ancien président de l’Assemblée nationale, également candidat malheureux à la présidentielle de 2007 et à celle de 2014, Biram Dah Abeid, figure montante de l’opposition mauritanienne et tant d’autres ont été reçus «sans formalités» à la présidence de la République alors qu’Aziz avait travaillé, son règne durant, à les banaliser.

L’apaisement est un «endormissement» pour une opposition qui perd du terrain, pensent ceux qui veulent en découdre avec le pouvoir en 2024. Et qui estiment, au sein du RFD et de l’UFP, par exemple, que se rapprocher du président Ghazouani est une inadmissible compromission, alors que l’objectif de l’opposition était – et reste – lié à sa volonté à provoquer l’alternance, certes de manière pacifique, mais pas en faisant le jeu du pouvoir.

Ceux qui défendent le Pacte en jouant la carte de l’apaisement croient que c’est une condition nécessaire, mais non suffisante, pour garantir une plus grande transparence des élections présidentielles de 2024. Ils voient l’accord comme une sorte de «réparation» après la longue crise que la classe politique nationale vivait comme une sorte de «normalité.»

Pour le gouvernement, représenté par le ministère de l’Intérieur, cet apaisement, aujourd’hui accepté comme un modus operandi par la majorité de la classe politique mauritanienne, doit se renouveler de temps à autre. Une volonté traduite par le parrainage, le 21 septembre 2023, de la signature du Pacte Républicain que les principaux protagonistes présentent au reste de la classe politique, invitée à y adhérer, ainsi qu’à l’opinion publique nationale, comme la réaffirmation que la Mauritanie est un «pays stable» dans une région en proie à des tensions politiques (Sénégal), de transitions militaires sans fin (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) aggravées par la reprise des hostilités entre les forces armées et les groupes séparatistes ou djihadistes.

Le Pacte républicain n’est pas venu régler une crise, loin s’en faut, mais entretenir la flamme de l’apaisement. Ceux qui l’ont pensé (deux formations de l’opposition et le parti au pouvoir) ne cherchent autre chose, prétendent-ils, que consolider les acquis démocratiques en «réparant» ce qu’ils considèrent comme des dysfonctionnements constatés lors de la tenue des dernières élections municipales, législatives et régionales.

Le Pacte républicain ne doit donc pas être vu comme une remise en cause de ce qui a été convenu entre les 25 formations politiques reconnues qui avaient pris part aux concertations nationales ayant rendu possible l’organisation d’élections de juin 2023. Il n’en est que le prolongement dans le sens de l’implication de nouveaux acteurs cherchant faire accepter leur vision propre pour des élections présidentielles que le parti au pouvoir croit gagnées d’avance.

Par Mohamed Sneïba, Correspondant Permanent - Nouakchott

En Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz condamné à 5 ans de prison

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Jeune Afrique - Le verdict dans « l’affaire Aziz » était très attendu en Mauritanie depuis plusieurs jours. Le 4 décembre, le juge de la Cour criminelle chargée des crimes de corruption a finalement condamné l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz, 66 ans, à 5 ans de prison, ainsi qu’à la confiscation de ses biens et à une peine d’inéligibilité pour enrichissement illicite et blanchiment.

Ses deux anciens Premiers ministres Mohamed Salem Ould Béchir et Yahya Ould Hademine, ainsi que son ancien ministre du Pétrole Taleb Ould Abdi Vall, ont quant à eux été relaxés. Ses huit co-accusés dont son gendre, Mohamed Ould Msabou, ont écopé de peines avec sursis, ainsi que de la confiscation de leurs biens et de leurs droits civiques.

Contre toute attente, le magistrat n’a donc pas suivi les réquisitions du procureur qui, le 24 octobre, avait réclamé une peine de 20 ans de réclusion contre celui qui est devenu, au fil des mois, l’accusé numéro un. Ses anciens ministres risquaient quant à eux dix ans de détention.

Actuellement gardé dans un appartement de Nouakchott, Mohamed Ould Abdelaziz a déjà été incarcéré près de dix-huit mois. Ses avocats vont faire appel de cette décision.

Le va-tout de Aziz

Le « procès de la décennie » s’est ouvert le 25 janvier à Nouakchott contre Mohamed Ould Abdelaziz (au pouvoir de 2009 à 2019) pour, entre autres, corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice. Il est en effet accusé d’avoir amassé une fortune considérable estimée, d’après les conclusions de l’enquête, à 90 millions de dollars.

L’ancien chef de l’État a toujours dit que ce chiffre avait été exagéré, assurant avoir déclaré son patrimoine lors de son arrivée et de son départ de la présidence. Il a d’ailleurs nié jusqu’au bout les accusations portées contre lui et dénoncé un complot visant à l’empêcher de continuer à faire de la politique. De son côté, la partie adverse n’a cessé de marteler que toutes les preuves de sa culpabilité sont réunies et qu’il ne pouvait se prévaloir de l’article 93 de la Constitution lui garantissant l’immunité présidentielle – un argument qui a longtemps concentré les débats.

Le 27 novembre, lors de sa dernière intervention à la barre, il a joué son va-tout en mettant directement en cause le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Aziz a en effet assuré que l’argent qu’il est suspecté d’avoir détourné provient en réalité de deux dons en espèces d’un total de 11 millions d’euros que lui aurait fait son successeur, et qui constituerait un reliquat du financement de la campagne présidentielle de 2019.

Il a ajouté que l’actuel dirigeant lui aurait également donné 50 voitures, faisant partie d’un lot de 100, commandé durant la même période mais arrivé trop tard. « Le président n’a eu aucun rapport, ni de près ni de loin, avec l’argent pendant la campagne, laquelle a été gérée par Ould Abdelaziz et un groupe autour de lui, balaie catégoriquement un proche de Ghazouani. D’ailleurs à la fin, elle était déficitaire, et cela avait été officiellement dit. »

Pression sur la présidentielle

Ses soutiens à l’étranger ont tenté de faire monter la pression ces derniers jours. Le capitaine de frégate Ahmed Hassena et le colonel Sidi Ely Ahmedou ont annoncé le 1er décembre depuis Las Palmas, en Espagne, la création d’un Front national pour le changement, ayant pour but de renverser l’actuel président s’il brigue un second mandat et n’accède pas à plusieurs de leurs revendications, comme la dissolution de l’Assemblée nationale. Ils ont également dénoncé « l’injustice » dont serait victime Mohamed Ould Abdelaziz.

Tous deux espèrent pouvoir transformer ce mouvement en parti et ainsi, peser sur la présidentielle de 2024. D’ici au scrutin, ils comptent mener, depuis la France cette fois, des campagnes de désobéissance civile. Mais à Nouakchott, leur initiative n’a pas rencontré beaucoup d’écho, aucun membre de l’actuel pouvoir n’ayant réagi.

Justine Spiegel

CNDH un atelier de formation pour les points focaux régionaux

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Dr Mohamed Brahim Secrétaire General de la CNDH à présidé à l’Hotel IMAN le lundi 04 décembre 2023 l’ouverture d’un important atelier.

Cet atelier rentre dans le cadre d’une meilleure protection des populations, la Commission Nationale des Droits de l’Homme après les campagnes qu’elle mène depuis ces trois dernières années pour sensibiliser et s’enquérir des problèmes que les citoyens rencontrent en vue de donner les conseils idoines pour les autorités conformément à sa mission. Un dispositif local composé de Point Focaux, au sein de chaque région a été désigné un point Focal pour approcher cette institution constitutionnelle des populations et veiller au jour le jour à la situation des droits en Mauritanie à travers la présence sur le terrain et la remontée de l’information et des plaintes.

Deux jours durant ces points focaux ont reçu une formation pour renforcer leurs capacités pour pouvoir accompagner les ambitions de l’institution (CNDH) à jouer pleinement son rôle de proximité auprès des populations.

Cette formation est financée par la GIZ dans le cadre de son appui à la commission.

Mohamed Moustapha

En Guinée-Bissau, le président Embalo dissout le Parlement après la "tentative de coup d'État"

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France24 - Trois jours après les affrontements armés qui ont secoué la Guinée-Bissau, le président Umaro Sissoco Embalo a annoncé lundi la dissolution du Parlement dominé par l'opposition, sans préciser le calendrier des futures élections législatives.

Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo a décidé de dissoudre, lundi 4 décembre, le Parlement dominé par l'opposition. Une annonce qui intervient trois jours après des affrontements armés que le dirigeant qualifie de "tentative de coup d'État".

"La date des prochaines élections législatives sera fixée le moment opportun, conformément aux dispositions (...) de la Constitution", dit un décret présidentiel communiqué à la presse.

Le président Embalo invoque la "complicité" entre la Garde nationale, le corps impliqué dans les affrontements avec la Garde présidentielle jeudi soir et vendredi, et "certains intérêts politiques au sein même de l'appareil d'État". "Après cette tentative de coup d'État menée par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l'existence de complicités politiques, le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible. Ces faits confirment l'existence d'une grave crise politique", dit-il.

Fractures politiques profondes au cœur de l'État

La Guinée-Bissau évolue dans une instabilité politique chronique et a connu depuis son indépendance du Portugal en 1974 une kyrielle de coups de force, le dernier en février 2022.

Des éléments de la Garde nationale ont fait irruption jeudi soir dans les locaux de la police judiciaire pour en extraire le ministre de l'Économie et des Finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d'État au Trésor public, Antonio Monteiro, qui y étaient interrogés. Puis ils se sont mis à l'abri dans un camp militaire de la capitale Bissau, et ont résisté jusqu'à vendredi matin par les armes.

Les affrontements, qui ont fait au moins deux morts, illustrent une nouvelle fois les fractures politiques profondes au cœur de l'État entre la présidence et le gouvernement, et qui traversent aussi les forces de sécurité.

La Garde nationale relève essentiellement du ministère de l'Intérieur, donc du gouvernement, lui-même émanation du Parlement dominé par l'opposition. Le parquet, qui a ordonné l'interpellation des deux membres du gouvernement, répond à la présidence.

Les législatives de juin 2023 ont donné la majorité absolue à une coalition constituée autour de l'historique Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), vieil adversaire du président. Umaro Sissoco Embalo, qui dirige le pays depuis 2020, s'est retrouvé condamné à la cohabitation avec le gouvernement.

"Passivité" du gouvernement

Dans son décret, le président dénonce la "passivité du gouvernement" face aux événements. Il assure que le but de la Garde nationale, en cherchant à libérer les deux membres du gouvernement, était d'entraver les investigations diligentées par le parquet.

Les deux membres du gouvernement avaient été placés en garde à vue jeudi et interrogés à propos d'un retrait de dix millions de dollars des caisses de l'État. L'affaire avait été abordée auparavant au Parlement.

Le président Embalo accuse le Parlement d'avoir "préféré défendre des membres de l'exécutif soupçonnés d'actes de corruption portant gravement atteinte aux intérêts supérieurs de l'État" plutôt que de "lutter pour l'application rigoureuse de la loi (...) et d'exercer son rôle de contrôle des actes du gouvernement". Umaro Sissoco Embalo avait prévenu samedi que les troubles auraient de "lourdes conséquences".

Avec AFP

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