Tagant, manque d’eau : le Conseil Régional et la Région Auvergne-Rhône-Alpes au secours des populations

Écrit par Super User le . Publié dans Politique

Cheikh Aidara - Abreuver les populations, le bétail et les palmiers du Tagant. C’est le souci du Conseil régional qui, avec l’appui de la Région Auvergne-Rhône-Alpes de France, est parvenu à des résultats prometteurs.

Depuis 2020, des techniciens français recrutés pour la tâche, notamment CORAIL et ses collaborateurs, en l’occurrence le bureau d’études AMETEN et la société de dessalement MASCARA, ont identifié des sources d’eaux souterraines et de surface.

Les résultats des travaux préliminaires ont été restitués lors d’une réunion, jeudi 24 février 2022, dans les locaux du Ministère de l’Intérieur à Nouakchott. Sentiment de satisfaction et frémissement d’impatience.

C’est dans un tel climat que s’est achevée après une joyeuse photo de famille, la rencontre qui a regroupé jeudi 24 février 2022 à Nouakchott, le président du Conseil Régional du Tagant, M. Zeidane Tfeïl Meihimid, et certains de ses conseillers, avec l’équipe technique française chargée de régler le problème d’approvisionnement en eau potable de la région. Les deux parties s’étaient réunies en 2021 pour une première phase de suivi, d’où une grande familiarité.

Tout a débuté en 2020

L’aventure a débuté en 2020 suite à un partenariat tissé, dans le cadre de la coopération décentralisée, entre la Région du Tagant et la Région Auvergne-Rhône-Alpes de France, avec l’appui de l’Agence de l’Eau (France) et le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement.

Résoudre le problème des 100.000 habitants de la région du Tagant, confrontés à une soif lancinante ainsi que leur bétail et leurs milliers de palmiers menacés de disparition, devient la priorité.

La tâche est confiée à CORAIL, une structure d’appui au développement basée en France qui intervient dans les domaines de l’eau, de l’environnement, de l’assainissement, de l’urbanisme et des métiers de la ville, entre autres. Elle est déjà impliquée en Mauritanie, dans l’Assaba, dans un projet de traitement de déchets en partenariat avec l’Association de Développement Intégré au Guidimagha (ADIG).

CORAIL s’est associée avec deux autres structures, le bureau d’études AMETEN, spécialisé dans l’aménagement du territoire, de l’eau et de l’environnement, et la société de dessalement MASCARA, numéro 1 mondial de la technique Osmose Inverse avec solaire sans batterie, technique peu coûteuse et non polluante.

Une source de 15 millions de mètres cubes par an disponible

Lors de sa présentation, M. Alain Tidière, Directeur de CORAIL, a détaillé les étapes de la phase 1 déjà achevée, notamment la phase de prospection des eaux souterraines et de surfaces qui a permis d’identifier trois zones d’exploitation, ensuite la phase de caractérisation des sources pour déterminer s’il s’agit de sources renouvelables ou pas.

Selon lui, cette première phase a permis de relever la nature saumâtre des eaux du Tagant, 60%. Pour les rendre propres à la consommation et à la culture, ces eaux ont besoin de traitement. D’où l’appel à MASCARA, spécialiste du dessalement, avec une expérience dans les trois régions du monde, dont une en cours au Sénégal.

Il a indiqué que les financements pour l’opérationnalisation de cette première phase sont partiellement disponibles, quelques bailleurs dont la Coopération Française s’étant déclarés prêts à accompagner le projet qui entamera dès avril 2022 sa Phase 2. Celle-ci devrait comprendre un essai sur des ouvrages déjà existants et une campagne géophysique électrique.

M. Alain Tidière a également développé la technique de la télémétrie qui permet grâce au système GSM ou satellite de recueillir des relevées hydriques, avec plusieurs options de données sur le volume, la densité, le ph de l’eau, avec transmission directe et automatique de ces données par minute, heure, jour, semaine ou mois, aux services de l’Hydraulique à Nouakchott.

M. Khalid Alami, Directeur International à AMETEN (AMEnagement du Territoire et ENvironnement), a présenté la séquence la plus technique de l’opération, notamment le rapport entre la pluviométrie et le niveau des eaux, souterraines ou de surface, indiquant les zones où l’exploitation de la ressource est positive sur plusieurs mois et les zones inexploitables.

Selon lui, la source d’eau de Nbeïka, à Tamourt En’Naâj, est capable de produire 15 millions de mètres cubes par an, soir 41.000 mètres cubes par jour, sur un rayon de 200 kilomètres carrés, soit le triple de la capacité actuelle.

A son tour, M. Basile Bouillot, Business Developpement à MASCARA, a fait une présentation exhaustive de sa structure, fondée par Marc Vernier, un connaisseur de la Mauritanie, et qui est en train de mener une opération de dessalement d’eau de mer à Nouadhibou.

Selon lui, MASCARA a développé une technique de dessalement par osmose inverse avec solaire et sans batterie, une première au monde, qui a été implantée au Maroc, en Tunisie et qui est en cours au Sénégal. Cette infrastructure globale, avec les équipements, les bâtiments, les accessoires et les consommables plus la formation du personnel local, coûte 200.000 euros pour une production de 50.000 mètres cubes par jour avec un coût unitaire à la consommation de 7 MRO par litre.

Pour traiter les eaux non usuelles par système d’évaporation solaire, il est proposé la construction d’un grand bassin sur lesquels pourraient être plantés des arbustes susceptibles d’être repiqués ailleurs.

En conclusion, les populations du Tagant devront encore patienter jusqu’à l’horizon 2023-2024 pour voir leurs besoins en eau potable entièrement satisfaits, notamment les habitants de Tichitt qui semblent les plus frappés par la pénurie.

Avaient assisté à la réunion, le Directeur du Centre National des Ressources en Eau (CNRE) relevant du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement et l’un de ses ingénieurs, M. Oumar Wagué, deux responsables du Service de Coopération à l’Action Culturelle (SCAC) de l’Ambassade de France en Mauritanie, le député de Moudjéria (Tagant), plusieurs conseillers et élus de la Région du Tagant, un conseiller du Directeur Général des Collectivités Territoriales au Ministère de l’Intérieur, mais aussi M. Ludovic LE Contellec, Directeur Chef de projet Environnement au bureau d’études AMETEN.

Cheikh Aïdara

Président du Groupe des Journalistes Mauritaniens pour le Développement (GJMD)

Le Tagant et la région Auvergne-Rhône-Alpes

Le Tagant, c’est 100.000 Km2 pour 100.000 habitants, avec comme capitale régionale Tijikja, 3 départements, Tichitt, Moudjeria et Tijikja et 10 communes.

C’est une région montagneuse, avec des plateaux, 3 grands Oueds et leurs affluents, Al Lebiad, Rachid et Tamourt Naâj ou Krâa Naga, située à 400 kilomètres de Nouakchott, capitale de la Mauritanie. Elle compte une passe célèbre, la passe de Cheft.

Auvergne-Rhône-Alpes, 89.711 Km2 et plus de 8 millions d’habitants, 12 départements, 4095 communes, avec Lyon comme capitale. C’est une région des massifs, le Massif Central, la Jura et les Alpes, avec beaucoup de plateaux, de plaines, de monts, de collines et de volcans, mais aussi beaucoup de cours d’eau comme le Rhône. Les principales villes sont Lyon, Grenoble, Saint-Etienne. C’est une région multiculturelle avec 3 principales langues et plusieurs dialectes et des traditions diverses.

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